« Des chameaux ne sauraient où aller si un âne n’était à leur tête »
« Des chameaux ne sauraient où aller si un âne n’était à leur tête »
« Ainsi traversant un jour Hyde-Park en la compagnie de quelques personnes : « Voyez, s’écria-t-il soudainement, ces grands chevaux anglais, et vous remarquerez avec moi que ces animaux, malgré leurs formes élégantes, ont tous l’air bête. Quelques chevaux ont montré de l’esprit, c’est rare en Europe, mais moins en Arabie. L’âne est cent fois plus spirituel ; dans l’Orient il est superbe ; des chameaux ne sauraient où aller si un âne n’était à leur tête. L’âne a dans le caractère une ténacité qu’on ne peut trop louer en un siècle où l’entêtement est une vertu. Quelle belle comparaison que celle du guerrier inébranlable d’Homère avec cet âne qui, entré dans un champ, résiste à tout et n’en sort plus ! C’est en Occident que l’âne a cessé d’être poétique. Quand les hordes guerrières ont eu besoin d’associer les chevaux à leurs ravages, dès lors, confondu dans le peuple des animaux, l’âne a été réservé pour les travaux obscurs et serviles ; on a paralysé son intelligence ; on a méconnu ses grandes qualités ; on couvre de son nom cent imbéciles qui ne sont pas dignes de lui ressembler. C’est une des injustices de notre siècle. J’aime prodigieusement les ânes, moi, et il y a longtemps que je me suis établi leur défenseur. »
Lord Feeling (Antoine Fontaney), « Conversations de M. de Châteaubriand », Revue des deux mondes, 1834, tome 4.
« Nous, Maire de la commune,
Vu les textes écrits par Châteaubriand, à propos de l’âne, et publiés dans La Revue des deux mondes du 1er décembre 1834 ;
vu en particulier cette affirmation selon laquelle « on couvre de son nom cent imbéciles qui ne sont pas dignes de lui ressembler » ;
vu également cette phrase de Châteaubriand rapportée par le comte de Marcellus (« Châteaubriand et son temps ») selon laquelle « c’est nous, nation rieuse, qui avons fait de l’âne un animal abject »,
Considérant que ces textes émanant d’un de nos plus grands écrivains ont force de loi,
Arrêtons :
Article premier : Il est interdit d’utiliser sur le territoire de la commune de Saint-Léger-des-Prés toute expression portant atteinte à l’honorabilité de l’âne, en particulier « bête comme un âne », « ânerie », « bonnet d’âne »…
Article second : Tout contrevenant pris en flagrant délit devra présenter ses excuses sous forme de carottes ou de sucreries aux ânes résidant sur le territoire de la commune.
Article troisième : Le maire de St Léger des Prés et toute autre personne susceptible d’être intéressée par cette mesure, sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l’exécution du présent arrêté qui sera affiché à partir du 1er avril 1991.
A Saint-Léger-des-Prés, le 1er avril 1991
Signé : le maire, Job Le Borgne de la Tour
« De même, il [Chateaubriand] met l’âne avant le cheval : « Le cheval, dit-il, est un écervelé, l’âne raisonne. Homère a comparé Ajax à un âne, et non à un cheval : c’est un âne que la Bible fait parler. L’âne est têtu ; quand il a choisi un chemin, ni menaces, ni bride, ni bâton ne l’en peuvent détourner : il marche, parce qu’il le veut bien, et à sa guise. » En un mot, selon M. de Chateaubriand, l’âne et le chat sont des libéraux, le chien et le cheval de vrais ultras ; car, au fond de toutes les opinions de M. de Chateaubriand, il y a ce libéralisme généreux et éclairé qui, grâce à Louis XVIII et à sa Charte, s’accorde très bien avec le culte de la monarchie. »
Etienne-Léon de Lamothe-Langon, Mémoires d’une femme de qualité sur Louis XVIII, sa cour et son règne,
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